Génèse
J’utilise le jeu comme outil d’éducation populaire depuis mon enfance grâce aux instituteurs, Anne-Marie et Alain Queneville, inspirés par Célestin Freinet de mon école élémentaire à la Roche Guyon (95).
Par ci par là j’ai utilisé le jeu pour faciliter. Enfant pour aider mes camarades à comprendre les maths, en 2002 lors du master Dynamique Humaine et Développement des Organisations, nous jouions au « Tabou » en anglais pour dépasser la timidité.
En 2004 je rencontre le Jeu du Tao et l’utilise pour moi et mes proches, en 2009 je contribue à sa nouvelle version et anime nombreuses parties au sein de Tao Village, Valeureux et autres.
L’architecture de protection et de permission posé par le jeu permet notamment de :
- oser expérimenter des conditions / règles inhabituelles ;
- accélérer le temps et les effets ;
- prendre du recul sur l’expérience et ainsi observer / évaluer / comparer les différences objectifs / extérieurs / quantitatifs et subjectifs / intérieurs / qualitatifs selon les conditions ;
- facilite l’adoption de certaines propositions.
Je conçois et anime de nombreux ateliers et parcours incluant des dynamiques de jeu dans une intention d’éducation populaire, d’ontogogie. Ils s’appliquent autant au champ du développement personnel et organisationnel que sociétal.
Depuis 2002, mon mémoire sur la coopération m’ouvre à comprendre les conditions favorables à l’atteinte d’un objectif collectif sain. J’ai ainsi cherché dans notre situation mondiale actuelle les principales architectures sociales défavorables à la coopération.
Mon hypothèse est que la façon dont est distribué le pouvoir et la monnaie influe fortement et profondément sur nos attitudes et comportements. Ainsi selon moi la monnaie dette nous pousse à l’exploitation du faible (nature et personne), au profit à court terme, à la compétition, à la méfiance, à l’individualisme, à la guerre. Mon pari est qu’en adoptant une architecture monétaire (et en parallèle politique) décentralisée, transparente et suffisante, naturellement nous agirions pour le bien commun.
J’ai d’abord entendu les conférences d’experts, les débats abstraits, la crainte, l’ennui, le déni, les émotions, les projections et les conflits d’opinion autour de l’argent et il me semblait urgent d’apporter d’autre media..
Forte du défi d’inspirer mes concitoyens à transformer nos architectures sociales et connaissant les dynamiques de résistance au changement, le jeu me parut la meilleure approche.
J’ai tout d’abord exploré le jeu pour assainir notre relation à l’argent.
J’ai utilisé et transmis ceux de Inelia Benz, Yves Michel et autres techniques chamaniques. J’ai ludifié les tableaux de Jean-François Noubel et joué aux jeux de Yohann El Haddad et Frédéric Le Guern dans ses stages.
J’ai médité pour concevoir des jeux qui feraient expérimenter :
- les dynamiques autour de l’argent, les nôtres, les mécanismes et leurs relations ;
- différentes architectures monétaires afin d’en sentir et voir ensemble les conséquences sur l’économie et sur nous-mêmes.
Mon intention étant, pour moi-même et pour les autres, de voir l’influence de la monnaie dette sur nos dynamiques individualistes, d’ouvrir les possibles, de comprendre le besoin de pertinence de l’outil avec l’intention, de tester et comparer de nouvelles architectures, de motiver à utiliser et développer des systèmes alternatifs.
Une adaptation du jeu NeoEcoavec Christophe Cesetti assez frustrante car encore avec la monnaie rare, m’amena à créer Fuzz, un jeu de plateau avec 3 monnaies. FlowLainereprise de Yohann apportait la dimension corporelle.
J’appelais quelque chose de ludique, facile, inclusif, rapide, « pilule rouge », coup d’éclat, vira, pas cher… !
Enfin lors des rencontres Intersel de août 2012 à Poisy (73) où Community Forge m’avait octroyé une bourse pour animer 10 jours d’ateliers, de la rencontre alchimique avec Matthew Slater est né le 1er prototype de La Corbeille.
Je le rejoue avec le n°5 de Google en septembre 2012, il est conquis – et gagne tout l’argent dette !
Puis nous l’avons complexifié et présenté avec Jem Bendell au Future Perfect Festival en Suède avec succès. Finalement nous revenons à une version plus simple qui n’oblige pas à savoir lire et qui fonctionne dans toutes les langues. Puis je joue à Barcelone, Matthew sur ses tournées et Jem dans ses ateliers.
Cela s’enchaine très vite partout… à la IIeconférence internationale des monnaies alternatives, La Haye, 2013 c’est le buzz ! Là je joue aussi au jeu de John Rogers et fait bucher sur mon prototype de MarCoopLo.
120 joueurs en 3 villages à l’ESCP, 2 sessions de 15 joueurs à HEC, 80 personnes à Vilnius en Lithuanie, CommonsFest en Grèce où 15 animateurs continuent, à Bali au milieu des cryptogeeks, Democratic Money à Berlin, sur le parvis de la Défense, dans le parcours de citoyenneté de Coop cité, dans des centres sociaux, des S.E.L., des associations, des entreprises, des new âge, des enfants, dans la rue… à ce jour environ 1500 personnes ont joué avec moi.
Je joue souvent la « séquence simple » avec troc-dette-crédit mutuel en 1 heure en faisant exprimer les joueurs à l’issue de chaque type de monnaie et à la fin pour remettre en perspective.
Certaines fois la prise de conscience est tellement brutale que je dois accompagner le joueur à apaiser le choc. La plupart des joueurs sont motivés à adopter une autre monnaie que celle basé sur la dette. Tous comprennent mieux les cours d’économie. C’est d’ailleurs un très bon outil pour « promouvoir » le crédit mutuel ou tout autre monnaie juste.
D’autres versions sont possibles (don, TRM, MLC…) et sont joués parfois par moi ou d’autres.
Mon but étant que le maximum de personnes comprennent la monnaie, ses dynamiques et ses enjeux j’ai tout fait pour diffuser. J’ai publié en licence ouverte toutes les instructions en plusieurs langues ainsi que former et aider de nombreuses personnes à animer à leur tour.
Matthew et Jem jouent dans le monde anglophone une version « Trading Floor game » un peu différente en finissant par la dette pour bien faire peur.
Susana Martin Belmonte joue une version espagnole
Jean-Michel Cornu l’adapte pour une animation à Centrale en février 2014.
Gérard Foucher après avoir joué La Corbeille plusieurs mois sans réciprocité malgré la licence, a donné un nom « jeu de la monnaie » à une séquence spécifique don-troc-dette-crédit équilibré. Je ne sais comment c’est animé et quelles dimensions sont mises en lumière. Un bon site webet une page Facebooksont maintenus.
Tim Anderson, Bernard Dugas animent je ne sais quelle version.
Je n’ai pas de réciprocité sur les publications, métriques, adaptations, profits, retours…
Je n’ai pas de visibilité sur qui anime quoi quand et comment – dommage ;-(
Adaptation pour la TRM, l’origine de Geconomicus
En décembre 2013 au Lavoir Moderne, Stéphane Laborde joue au Jeu de La Corbeille avec moi lors des soirées monnaie organisées par Gérard Foucher.
Enthousiasmé, Stéphane voit immédiatement le potentiel d’expérimentation de l’application monétaire de sa Théorie relative de la Monnaie. Nous nous associons pour adapter les mécanisme de La Corbeille à la TRM en incluant le temps qui passe sur plusieurs générations (naissance/mort, innovation/obsolescence) et la génération d’unité. Deux sessions de travail et une de prototypage le 26/06/2014nous permettent de la jouer en public le 29/11/2014 au RML4. C’est un succès !
Les geeks de la TRM ont déposé un fort Geconomicus sous une autre licence (GPL) que celle sous laquelle était déposée La Corbeille (CC BY NC SA). Ils ont créé des cartes à acheter, développer un site, des tableurs… Je co-anime le 1erGeconomicus au RML7 à Laval en juin 2016.
Mon but étant que les gens s’éveillent, je n’ai pas fait d’histoire et j’ai changé ma licence pour être en cohérence avec Geconomicus. A ce jour et malgré mes demandes, ils n’ont pas encore branché leur Githuben fork de celui de La Corbeille…
Donc maintenant c’est en GPL donc je ne contrôle plus rien. J’avais mis CC pour être au courant des forks, rassembler les métriques pour mes recherches, éviter le profit sans réciprocité. Le coup de force de Laborde m’a fait perdre tout cela. Foucher et d’autres sont est payés pour animer… Aucun ne m’a proposé de l’aide pour animer la communauté de joueurs, pour diffuser, pour faire des kits… ils l’ont fait de leur côté…
Depuis les 2 branches s’émancipent.
Geconomicus joué sur 2 x 3 heures et donnant du retour uniquement sur les métriques via des tableurs affichés, est réservé aux jeunes en bonne santé geek pour convaincre de rejoindre la G1 😉 Les militants de la monnaie libre l’animent souvent.
La Corbeille version TRM jouée sur 2 x 1 h et recueillant à la fois les métriques et les ressentis des joueurs, est d’éducation populaire, inclusif et empuissançant. Cette version invite à la mise en perspective sur de multiples dimensions.
Carole Fabreanime cette version depuis 2015, elle l’a porté au Forum Social de Québec et de Tunisie et dans le mouvement MFRB…
Je joue la séquence qui est appropriée selon le contexte et l’intention 😉 !
L’apport spécifique de La Corbeille
De très nombreux jeux sur la monnaie existent et tant mieux. Ce sont tous à ma connaissance des jeux de plateau qui n’ont pas le même effet, ni les mêmes contraintes.
Simuler de « l’économie réelle » de façon rapide, ludique en moyens et grands groupes de 7 à 97 ans – en n’importe quelle langue – avec n’importe quel système d’échange – et facile et pas cher à fabriquer, facile à s’approprier et à transporter !
- les cartes à jouer car il n’ y a pas besoin de savoir lire, c’est universel et pas cher à acheter
- les bonbons pour compter et motiver
- les portes-monnaie ‘bracelet’ pour ne pas compter ni écrire et ce n’est pas cher à fabriquer
- les papiers verts pour faire penser au $$$ et ce n’est pas cher à fabriquer
Jouer plusieurs architecteurs monétaires
- expérience de chaque architecteurs, plutôt que ‘on dit’ / opinion/ savoir
- comparaison et mise en perspective
Temps de parole entre chaque
- recueil participatif
- des observations factuelles (objectif / extérieur / quantitatif) et intimes (subjectif / intérieur / qualitatif)
- des comparaisons et mises en perspective
- meilleure intégration, autonomie, capacitant, aide à comprendre la théorie et les discours.
Je pense que les idées sont dans l’air, par contre leur concrétisation à une parenté.
Selon moi, citer ses sources nous relie au créateur et donc permet de bénéficier de son énergie, et l’honore, et donc lui donne en réciprocité.
Je suis attristée du manque de respect et de réciprocité de ces messieurs qui ont récupéré ce que j’ai créée, tout en étant satisfaite de l’accroissement du nombre de joueurs et d’animateurs – et donc de personnes réveillées.
A ce jour j’ai animé 80 sessions pour 1500 joueurs dans 10 pays !
à vous de jouer !
Sybille Saint Girons,
Riols, 7 février 2019
PS : Mon seul regret est que Bernard Lietaer n’est jamais joué à La Corbeille.
Paix à ton âme Grand Home au Grand Cœur et au Grand Esprit !
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thanx a lot!! blessings to you all! pleasure to cooperate with you…